Hayter commence son  parcours complexe à travers les labyrinthes du Dessin Expérimental - en partie exploré, en partie seulement évoqué - encouragé par la musique, les mathématiques, la physique et l'Inconscient - mais guidé surtout par sa propre intuition, si fine pour parler des moyens utilisés pour une telle exploration.

"En principe, le travail à l'Atelier 17 est dirigé vers les moyens d'expression plutôt que les motivations, l'inspiration, le rôle du savoir-faire ou toute autre considération métaphysique. Si la recherche continue de ces moyens a pu être d'une réelle utilité pour les nombreux associés qui continuent à nous apprendre autant que nous leur enseignons, elle pourrait être révélatrice d'un champ d' activités possibles nettement plus vaste que celui entrevu jusqu'à présent." *
Le dessin demeure le plus simple moyen disponible pour projeter une pensée sous la forme d'un objet concret extérieur, mais c'est un instrument d'investigation plutôt qu'un moyen de décrire des objets extérieurs. Eu égard à notre principe permanent d'éviter les préceptes, les ordres, les orientations et l'expression d'un accord ou d'un désaccord pour influencer un travail, tout semble être laissé à l'initiative personnelle des membres. C'est inexact: on tente des expériences à partir de griffonnages inconscients ou de structures mécaniques précises, qui conduisent à des résultats imprévisibles. Ces expériences s'appuyent sur des situations ou des développements infinis qui naissent de notre expérimentation et que suggèrent les recherches illimitées, les situations ambigües, les puzzles inachevés. Ce ne sont pas des astuces pour apprendre. Aucune réponse n'existent, ou alors nous les ignorons.
"Les débutants aussi bien que les anciens, se munissent d'instruments divers comme les règles, les compas, les équerres, les rapporteurs, les traceurs de courbe, les plumes, crayons, pinceaux, crayons cire, feutres, couteaux, ciseaux, pochoirs, etc... De plus on peut avoir besoin de papier, de carton, de papier quadrillé, de papier calque, de papier carbone, blanc noir ou coloré. Chaque individu fait un travail différent, mais les comparaisons entre les résultats et les dessins collectifs se font à grande échelle. A chaque session, on invente de nouvelles démarches. comme dans toute activité de groupe, il surgit plus d'images que n'en pourrait créer une seule personne. C'est une sorte de jeu collectif dont les conséquences ne sont pas toujours rationnelles. Les membres possédant ou une expérience antérieure ou un intérêt pour les mathématiques comme la géométrie analytique, l'analyse des vecteurs, la topologie ou les séries de Fibonacci, peuvent être invités à approfondir telle démarche préférée d'un collègue. L'étape suivante consiste à en suivre une que il ou elle déteste." *

Le manque de place ne nous permet pas de décrire en détail toutes ces expériences, mais on énumérera ci-dessous les différentes catégories auxquelles elles appartiennent. Chacune peut engendrer de nombreuses variantes. On peut représenter tous les champs, du plus simple au plus vertigineusement courbé, avec des lignes répétées qui, en couvrant toute la surface du papier (ou une étendue), créent une sensation d'espace aux multiples caractères. Ainsi, tandis que l' on conserve ce qui est déjà sur la surface du papier - par exemple les lignes - sans intervalles mystérieux disparaissant dans l'abîme - on peut fabriquer, à partir de lignes continues ou de lignes interrompues ou de lignes courbes, des champs rigoureux et cependant homogènes ou des champs à vibrations, ou, grâce à l'association de plusieurs d'entre eux, des volumes en trois dimensions ou même les oscillations vertigineuses qui provoquent des visions ambiguës dans l'oeil du lecteur. Comme il a été dit dans l'introduction, Hayter, tout en restant particulièrement attentif au motif en deux dimensions, poussa cela plus loin pour créer des zones labiles en utilisant l'intervention et l'interférence de champs à plusieurs dimensions ou de couleurs qui pouvaient ou épouser ou contrarier la forme émergente. Devant de telles oscillations de l'espace, les sensations de haut le coeur peuvent même se produire, comme dans un tour de montagnes russes.

Mais qu'est-ce c'est que la ligne en elle même? On peut donner de nombreux exemples de cette ligne: ce peut être un trait - le bord d'un solide ou d'une superficie; cela peut désigner une latitude, une longitude et une profondeur; cela peut diviser la surface extérieure d'une sphère ou sa surface intérieure; ce peut être une ligne de plomb qui subit la force de gravité ou sa poussée; cela peut symboliser quelque chose d'extérieur à elle-même (comme un dessin figuratif), être le symbole d' une convention (comme l'écriture anglaise ou française) ou un symbole ayant une relation avec la nature de l'objet comme dans l'écriture chinoise; cela pourrait même avoir un rapport avec une ligne mélodique telle qu'on l'utilise en musique. Qu'est-ce que tout ceci peut avoir en commun? Toutes impliquent  une voie, un enregistrement des déplacements réels ou possibles. Tout ceci sera étudié et démontré au cours de ce livre, mais dans ce chapitre, on se concentre sur la ligne qui recouvre la surface d'un papier - comme un motif à deux dimensions ou comme un motif à trois dimensions quand plusieurs de ces champs s'interpénétrent pour créer du volume ou même comme un motif à quatre dimensions avec oscillation interne et externe qui provoque le vertige.

*'New ways of Gravure', S.W. Hayter, New-York, 1981, Watson-Guptill Publications, 'les méthodes d'Enseignement à l'Atelier 17'.

Systèmes rectilignes (superposer, découper, plier)

Axes rectilignes divergents et convergents

Systèmes rectilignes et curvilignes (axes sigmoïde et hélicoïdal)

Systèmes rectilignes, axes courbes et courbes hélicoïdales

Courbes coordonnées

Deux parcours linéaires

 

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